À partir du croisement de plusieurs bases de données publiques (Assurance Maladie – OpenDamir, RPPS, Atlas du CNOM), Lyleoo, leader français de la téléexpertise en soins visuels, a analysé la répartition des ophtalmologues sur le territoire national.
Cette étude met en évidence l’ampleur des déséquilibres entre les départements : 55 d’entre eux présentent un déficit de spécialistes par rapport aux besoins estimés de leur population. À l’inverse, quelques départements, tels que Paris, la Loire-Atlantique ou la Gironde, affichent une densité largement supérieure à la moyenne nationale.
Ces écarts soulignent une fracture territoriale persistante dans l’accès aux soins ophtalmologiques, dans un contexte où les besoins en santé visuelle ne cessent d’augmenter. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) va jusqu’à parler d’une véritable « épidémie de myopie », notamment du fait de la généralisation des écrans dès le plus jeune âge. Au point de toucher une personne sur deux d’ici 2050.
A noter que, depuis 2010, la densité d’ophtalmologues pour 100 000 habitants a baissé dans les trois quarts des départements de France métropolitaine (voir carte).
Jean Valéry Desens, co-fondateur de Lyleoo :
« Ce minutieux travail de cartographie montre l’incroyable disparité de l’offre ophtalmologique en France. Nous l’avons conçu comme un outil au service du débat de santé publique, basé sur des données objectives, contrairement aux estimations empiriques des temps d’attente pour obtenir un rendez-vous. »
« Ces cartes illustrent l’urgence de la situation de nombreux territoires. Il est devenu courant que les personnes âgées des campagnes prennent rendez-vous à des centaines de kilomètres, là où vivent leurs enfants. Cela ne peut pas être une réponse satisfaisante pour les personnes isolées, ou à mobilité réduite. »
« Notre conviction est que les opticiens sont les partenaires naturels des ophtalmologues pour mailler le territoire national. La téléexpertise a fait ses preuves, elle permet de désengorger les cabinets de soins visuels pour libérer la place à ceux qui ont vraiment besoin d’une consultation. »
En s’appuyant sur les bases de données publiques, l’étude Lyleoo évite les écueils des études fondées sur les délais d’attente pour lesquelles il n’existe aucune donnée exhaustive et officielle.
Les cartographies Lyleoo permettent de visualiser :
La carte nationale de la couverture des besoins en ophtalmologie met en évidence des écarts préoccupants, y compris dans des départements voisins. Ainsi, en Gironde (Bordeaux), Loire-Atlantique (Nantes), et à Paris, la concentration d’ophtalmologues est telle que plus de 150% des besoins de la population sont couverts.
À l’inverse, huit départements ont moins de 50 % de leurs besoins couverts. Les cinq pires performances laissent présager des difficultés à décrocher un rendez-vous dans la région : 26% en Haute-Saône, 37% en Lozère, 41% en Indre, 44% dans le Cher, et 46% dans la Creuse.
Au total, 55 départements sur les 96 de France métropolitaine sont en déficit d’ophtalmologues.
Le zoom local (maillage EPCI) réalisé sur la région du Grand Ouest montre que les inégalités territoriales sont également criantes au sein même des départements. La grande majorité de l’Orne et de la Sarthe ont moins de 30% de leurs besoins couverts, quand leurs chefs-lieux (Alençon et le Mans) atteignent environ 100%.
Le territoire breton est lui aussi constellé de zones mal servies par l’offre d’ophtalmologie. Ce sont les villes encore une fois qui concentrent l’offre (Rennes, Lorient, Quimper, Brest…). En revanche, la situation est toute autre dans le Cotentin, où Cherbourg n’est pas parvenu à fixer une population d’ophtalmologues suffisante pour répondre aux besoins de la région. Nantes confirme son statut hors norme, seule grande ville du Grand Ouest à dépasser 240% de taux de couverture des besoins.
Le Centre de la France ne fait pas exception aux représentations souvent associées à la diagonale du vide. L’accès aux soins ophtalmologiques y demeure particulièrement difficile. Une bonne couverture ne s’observe que dans les grandes villes de la région, tandis que les zones rurales restent fortement sous-dotées. A ce titre, la région regroupe les 3e, 4e et 5e départements les moins bien pourvus de France en matière de soins ophtalmologiques.
Certains territoires y connaissent des situations très préoccupantes. C’est notamment le cas de l’Indre, troisième département le moins bien doté à l’échelle nationale : aucune de ses communautés de communes ne parvient à couvrir plus de 76% des besoins en ophtalmologie. La situation est tout aussi critique dans des départements voisins tels que la Creuse ou la Corrèze. Une seule exception notable dans la région : la vallée de Cosne-sur-Loire qui présente une offre correspondant à 267% de ses besoins.
À l’Est du pays, le Nord de la région présente plusieurs situations compliquées, comme la Haute-Saône, en tête du classement national des départements les moins bien dotés en soins ophtalmologiques. Seules certaines agglomérations, comme Strasbourg, Metz ou plus généralement les chefs-lieux de département, proposent une offre de soin qui dépasse les besoins immédiats de leur population.
Le cas de Nancy constitue une exception notable : c’est la seule ville à dépasser les 150 % de couverture de ses besoins en ophtalmologie. Ce niveau hors norme de prise en charge, renforcé par les performances des zones environnantes, permet à l’ensemble du département de la Meurthe-et-Moselle de bénéficier d’un bon équilibre.
Le Sud de la région affiche une situation plus favorable, portée par la métropole lyonnaise ainsi que par les bassins dynamiques d’Annecy et de Chambéry. Toutefois, certains territoires comme la Lozère ou les Hautes-Alpes restent confrontés à des difficultés majeures en matière d’accès aux soins ophtalmologiques, laissant une part importante de la population sans réponse adaptée.
Le département du Pas-de-Calais, bien qu’il soit le huitième plus peuplé de France, présente une couverture très insuffisante de ses besoins sur la quasi-totalité de son territoire. La situation est similaire en Normandie, où les zones autour de Dieppe affichent un taux de couverture inférieur à 30 %, témoignant d’un déficit d’accès au soin très important.
Amiens est une exception notable, qui se distingue par un excellent taux de couverture, dépassant 240 % des besoins, ce qui en fait un pôle incontournable au niveau régional.
Plus à l’est, la Champagne présente une situation contrastée. Si Reims, Châlons-en-Champagne et leurs environs bénéficient de taux de couverture confortables, compris entre 90 % et 150 %, le reste du territoire est en grande difficulté.
Quant à l’Île-de-France, elle semble globalement bien pourvue en offre ophtalmologique. Toutefois, la Seine-Saint-Denis fait figure d’exception, avec seulement 50 % des besoins couverts, révélant une inégalité marquée au sein même de la région capitale. Au final, la performance du Grand Paris est moins bonne que celle de Paris, comme exprimée par la carte des départements.
L’Occitanie présente un contraste marqué entre la façade méditerranéenne, bien dotée, et les territoires intérieurs, plus fragiles. La proximité du littoral, avec des centres urbains tels que Nîmes, Montpellier ou Arles, affiche des taux de couverture souvent proche de 100%, parfois supérieurs à 150% des besoins. En revanche, l’arrière-pays n’est pas logé à la même enseigne. Les populations des départements du Massif central (Aveyron, Lozère et Cantal) doivent s’en remettre à leurs préfectures.
Étant donné l’étendue géographique de ces territoires, les habitants doivent souvent parcourir de longues distances pour consulter un spécialiste, rendant l’accès aux soins particulièrement contraignant.
Les départements du Tarn, des Hautes-Pyrénées et de l’Ariège apparaissent comme les plus en difficulté. Une large part de leurs territoires présente un taux de couverture inférieur à 30 %, et même les grandes villes de la région comme Albi peinent à répondre à la demande locale.
En revanche, certaines communes se démarquent positivement : Auch (Gers) et Montauban (Tarn-et-Garonne) enregistrent des taux de couverture remarquables, dépassant les 240 %, faisant de ces villes des modèles régionaux.
La zone PACA constitue une exception dans le paysage national. Bien que le territoire soit marqué par une forte disparité entre un arrière-pays sous-doté et une façade littorale bien pourvue, elle est l’une des rares régions à présenter un département densément peuplé (les Bouches-du-Rhône) avec un taux de couverture des besoins ophtalmologiques supérieur à 90 % sur l’ensemble de son territoire. Une analyse similaire peut être appliquée au pays niçois, qui bénéficie également d’une offre satisfaisante.
Les zones montagneuses des Alpes, ainsi que l’arrière-pays varois, connaissent des difficultés marquées en matière d’accès aux soins, avec une couverture très insuffisante.
En Corse, l’offre apparaît concentrée dans les trois principales agglomérations : Bastia, Ajaccio et Porto-Vecchio. Compte tenu du relief local, cela induit des temps de trajet importants pour les Corses habitant en dehors de ces pôles d’attraction.
Dans le Sud-Ouest de la France, l’offre en soins ophtalmologiques se concentre sur le littoral. Toutefois, certaines zones situées dans les terres présentent des situations très favorables, avec des taux de couverture dépassant 240 %, comme c’est le cas à Dax, Auch, Montauban ou encore Sarlat-la-Canéda, plus au nord.
Angoulême fait figure d’exception : bien qu’entourée de territoires relativement bien pourvus, la ville peine à répondre à ses besoins.
Dans les départements des Landes et du Gers, si les principales villes bénéficient d’une offre satisfaisante, les zones rurales environnantes restent fortement déficitaires, avec des taux de couverture inférieurs à 30 %.
Enfin, bien que l’ensemble du territoire pyrénéen soit globalement en difficulté, l’agglomération de Pau se distingue par une offre de soins conséquente, qui permet de répondre efficacement aux besoins de la population du Béarn.
Depuis 2010, trois départements sur quatre ont vu leur offre d’ophtalmologie baisser. Les quelques progressions marquées (supérieures à 30 % en Lozère et dans les Hautes-Alpes) cachent mal les reculs importants de nombreux territoires. L’Aveyron, le Cantal, le Lot, le Gers, la Côte-d’Or ou encore la Haute-Saône ont vu la densité de leur offre ophtalmologique chuter fortement (-40 à -86%).
Même les départements du littoral méditerranéen enregistrent une baisse, atteignant jusqu’à -40 % dans les Bouches-du-Rhône.
Il convient également de noter une tendance préoccupante en Ile-de-France : la densité de l’offre en soins ophtalmologiques y diminue progressivement. A Paris intra-muros, une baisse de l’ordre de 20% est observée. Cette diminution est encore plus marquée en petite couronne, où elle atteint 40% et dépasse même ce seuil dans l’Essonne, un département déjà identifié comme fragilisé en matière d’accès aux soins.
À propos de Lyleoo
Lyleoo est une société spécialisée dans la téléexpertise en ophtalmologie. En mettant la technologie au service de la santé, elle propose une solution innovante et efficace permettant aux patients, y compris en zone rurale, d’accéder à un bilan visuel, des conseils personnalisés, un avis médical et, en l’absence de contre-indication, une prescription. Grâce à un réseau de professionnels engagés, Lyleoo contribue activement à la lutte contre la désertification médicale et à l’amélioration de la prise en charge ophtalmologique.